Allez, on place d’entrée l’argument de vente : c’est le Molière 2017 de la meilleure comédie. Ce qui dit tout et ne dit rien. Parce que ça ne dit pas que c’est aussi une des comédies les plus originales de l’année écoulée. L’histoire est simple : dans une grande ville, trois célibataires, la trentaine, vivent dans trois appartements séparés. Ah non ! Halte là ! Ce n’est pas une comédie romantique, il n’y a pas de portes qui claquent sur le genre « trio amoureux » et patati et patata. Sur scène, on voit les trois appartements côte à côte et la vie de leurs locataires, l’action qu’ils ont les uns sur les autres sans se voir, sans forcément se connaître. Alors oui, comme il y a une fille et deux garçons, il y a forcément des sentiments ou plus (ou moins?) qui traînent par là mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est cet humour de situation, entre le clownesque, le burlesque et… quelque chose d’assez neuf. Parce c’est là où « Bigre » est plus qu’une simple bonne blague : cette chose incongrue et truffée de gags novateurs, d’une esprit plutôt difficile à définir. Un peu comme le parangon de l’humour urbain contemporain. Bon, on va pas non plus dire qu’il existe un humour hipster, manquerait plus que ça. Mais… sans un seul mot pendant 85 minutes, sans jamais baisser de rythme, Pierre Guillois parvient à maintenir le rire en éveil. Formé au véritable théâtre populaire, il ne fait pas partie de ces humoristes qui font dans l’humour comme d’autres sous eux. Rien de mécanique là dedans : c’est drôle parce que c’est fignolé avec finesse et amour. Du vrai travail d’artisan.

Mardi 24 avril à 20h30 au Pin Galant à Mérignac . 33 et 38 €