Ça avait surpris tout le monde il y a cinq ans : venue de nulle part, ou du moins sans notoriété affirmée dans le monde des arts de la rue, le Grand Colossal Théâtre sortait ce « Batman contre Robespierre » en toute discrétion avant que le buzz ne fasse le reste et le propulse dans les succès incontestés du genre. Comment donc ? Alors que la mode est à l’épure, à la performance muette, à la fusion des genres, voilà une compagnie qui sort un vrai spectacle de théâtre de rue, avec du texte, des personnages, une histoire, des comédiens qui jouent des vrais rôles et le font plutôt bien… bref, le plus parfait ringard. Et ça marche. Parce que l’arbsurdité du texte permet d’y loger bien des choses, de la déshumanisation de l’homme au travail jusqu’à celle de l’humain dans une société où le sourire et les usages dissimulent le désintérêt pour l’autre. L’histoire est celle de Jean-Claude Barbès, cadre ordinaire qui rentre un jour chez lui, se rend compte que d’autres habitent désormais sur ce qu’il n’est plus certain d’être chez lui et c’est le début d’une longue descente aux enfers qui, petit à petit, perd en crédibilité pour passer dans un onirisme qui est un peu le plus gros défaut de cette horlogerie bien réglée. Parce que pour le reste, tout y est : un humour teinté d’absurde, un jeu très serré, tout en énergie des quatre comédiens, un texte bien troussé… tout est en place pour un retour aux sources du théâtre dans la rue, confirmé par leur spectacle suivant, encore plus onirique et absurde mais c’est une autre histoire. Sinon, si vous comprenez pourquoi Batman et pourquoi Robespierre, je suis preneur… JLE

Vendredi 12 octobre à 20 heures à la M270 à Floirac. 6, 8 et 14 €