« Quand on n’est pas enfermé, c’est encore plus difficile de s’évader ». Ça, c’est du Jean-Philippe Ibos pur jus. Pour un peu, on l’entendrait presque enchaîner avec ses aphorismes lourds de sens qui ponctuent ses textes. L’homme est un peu à part dans le paysage théâtral, même s’il en fait partie : il est avant tout auteur de théâtre et n’a dû se résoudre à créer sa compagnie, l’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine que pour pouvoir monter son imposante production. Qui, depuis une dizaine d’années, prend un tour franchement politique. Oh attention… on n’est pas dans l’agit-prop 70’s mais dans la constatation féroce et drôle des dérives du monde. Le plus souvent sous la forme de galeries de portraits des monstres contemporains, ces soutiers du capitalisme qui font avancer la machine sans le savoir. C’était le thème de sa création précédente (« From the jungle ») et cette nouvelle forme est un peu sa suite : comment faire pour s’en sortir ? Avec cette même langue si caractéristique, à la fois incisive, cruelle, avec des restes d’une certaine poésie du début de carrière. Et cette passion pour les arts forains et les numéros d’illusionnistes classiques qui lui colle aux basques. Là, il est dans une boîte, entièrement replié sur lui-même. Avec Jean-Philippe Ibos, on ne mégote pas sur le symbole : il est évident et il fait partie de l’histoire. Et cette fois-ci, on laisse entrouvert un petit espoir de sortir enfin du monde où l’on est coincé. Ce n’est pas encore la grande évasion mais on la prépare. JLE

du 14 au 23 novembre – Glob Théatre – 6//16€