En fait, on ne devrait donner la parole qu’aux hommes politiques à la retraite. C’est fou comme ils sont tout de suite plus intéressants, une fois qu’ils sont débarrassés de la trouille de ne pas se faire réélire (ça ne vaut pas pour tous, il y en a qui n’ont toujours rien à dire). Mais Noël Mamère (oui, l’ancien maire de Bègles) fait incontestablement partie de ceux qui, démagogie mise de côté, peuvent aisément apporter des choses. C’est sans doute ce qui a conduit Nicolas Bonneau à le rencontrer pour essayer d’en tirer ce quelque chose. Lui, c’est un de ces nouveaux conteurs, qui utilisent les techniques du conte traditionnel et s’en servent pour mettre en scène les résultats de leurs collectes. Et qui s’en sert largement pour parler de sujets sociologiques, sociaux et, oui, politiques. Mai 68 (Inventaire 68), la vie ouvrière (Sortie d’usine), la ségrégation raciale et la vie sociale américaine des 70’s (Ali 74, le combat su siècle) : il aime bien ces sujets âpres qu’avec sa tête d’étudiant gaucho et rêveur il vient mettre en lumière et décortiquer. C’est pour une commande du festival Chahuts l’an dernier que Bonneau et Mammère sont montés ensemble sur scène, après que le conteur a suivi le maire pendant une semaine à Bègles. Ça s’était plutôt bien passé, d’où l’idée de pérenniser la chose maintenant que Noël Mamère a du temps libre. Réflexion sur l’engagement, la politique, l’éthique, le spectacle évolue en fonction des protocoles que Caroline Melon, la metteur en scène, met en place. Conversation au coin du feu peut-être, mais aussi confrontation d’idées… et de professionnels de la parole, chacun dans son style. Une curiosité, sans aucun doute. JLE

Mardi 11 et mercredi 12 décembre à 20 h 30 aux Colonnes à Blanquefort. 10, 19 et 24 €