A l’époque, il voulait mettre le feu. Mais ça, c’était avant. Quand il était la moitié de NTM, Joey Starr utilisait sa grande gueule pour taper fort sur le système. Depuis, il a pris de la bouteille, du plomb dans la tête et dans l’aile et se dit que, finalement, le système ne lui a pas si mal réussi. Fort de cette aura de repenti, il a désormais une image de pater familias un peu grande gueule mais bon cœur et cet « Eloquence à l’Assemblée » finit par enfoncer le clou. Il ressort en effet neuf discours qui, de Robespierre à Simone Veil en passant par Lamartine ou Jean Jaurès, ont marqué l’histoire de l’Assemblée Nationale. Lui-même définit cette décision comme un acte citoyen. Donc, aux actes, citoyens, sortez vos postillons ! Parce que ça, on ne lui enlèvera pas, cette voix rauque et cette dentition unique qui rendent ses mots au choix plus forts ou plus difficilement audibles mais toujours avec un coffre impressionnant. Et il en faut pour supporter des envolées qui ne se font plus guère de nos jours. Egalité, lutte contre la corruption des élites, contre la misère aussi : l’actualité séculaire ne change guère et, en ces temps de gilets jaunes, certains des discours qui ont pourtant le siècle bien tapé sonnent curieusement modernes. Et l’on se rend compte que les grands hommes ont toujours pourfendu la même hydre qui renaît à chaque régime. Parfois un peu statique, parfois un peu fauve en cage, Joey Starr a cependant le mérite de faire souffler sur ces vieux discours le vent de la modernité, de leur rendre une ampleur qu’ils auraient perdu si l’on s’était contenté de les lire dans un bouquin. Un acte citoyen qu’il dit. C’est ça et c’est pas mal.JLE
Au Pin Galant à Mérignac le 29 janvier à 20 h 30. 33 et 38 €.