Ca commence comme « Le Diner de Cons », ça finit comme « Misery », du moins au niveau de la tension. Dans une salle de concert suisse, un admirateur un peu béat s’immisce dans la loge du grand chef d’orchestre HP Miller. D’abord un peu niais, puis lourdement insistant, il devient peu à peu désagréable puis carrément inquiétant. Dans ce rôle évolutif, un comédien expérimenté, largement récompensé depuis ses débuts dans les années 80, Christophe Malavoy. Et pour être ce chef d’orchestre imbu de lui-même, égocentrique, qui finit peu à peu par perdre pied, Tom Novembre. Le frère de Charlélie Couture s’impose moins comme une évidence en tant que comédien mais c’est pourtant ce qu’il fait principalement depuis qu’il a arrêté de chanter voici dix ans. Et son expérience est à peine moindre.
Et à l’écriture, Didier Caron, que l’on connaît davantage au théâtre comme l’auteur prolifique de comédies de mœurs. Jamais totalement léger et insignifiant, certes, mais c’est la première fois qui lorgne davantage du côté du drame, même si « Fausse Note » commence aussi sur le ton de la comédie. Bref, voilà un trio solide et intéressant, qui offre là un spectacle dans le ton de ce qui marche bien actuellement : du théâtre à suspense. Qui parle là de la transmission, de la relation père/fils et de la liberté ou pas de se libérer des chaînes de la mémoire familiale. Entre Christophe Malavoy, un peu Colombo, un peu méphistophélique et Tom Novembre, la relation entre les deux hommes fonctionne à merveille pour ce gros succès du théâtre parisien de la saison dernière. Du théâtre efficace.
12//35 € 20h30 Ermitage Compostelle